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Jean-Pierre Paulhac
(attention, notre Jury prendra en compte les poèmes érotiques chantant la fête des corps,
les poèmes d'amour célébrant l'amour du coeur ne seront pas acceptés,
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ÉROTIQUE
Jean-Pierre Paulhac
Le blason est une forme de poème à la mode au xvie siècle (bien que l'on en retrouve des traces lors des romans courtois du Moyen Âge), généralement versifié et à rimes plates. Il renferme soit l'éloge, soit la satire (on parle alors de contre-blason) d'un être ou d'un objet. Le plus souvent, l'objet du poème est le corps féminin, ou une partie de celui-ci.
BLASON EN FORME DE BALLADE
Berceau de ronces couronné d’épines
Buisson ardent où la flamme s’écrie
Vaisseau du fantasme aux vergues salines
Cicatrice douce pour cœurs meurtris
Ravin aux souvenirs incandescents
Roue de la fortune en manque d’essieux
Spéléologue cinglé je descends
En cette cave où nous montons aux cieuxAlgue où ondulent les nuits électriques
Prétexte lascif des guitares rauques
Des hanches qui chavirent de musique
Du saxo enroué aux soupirs glauques
Vers ce secret Eldorado princesse
Je chevaucherai héros audacieux
Pour me courber féal le cœur en laisse
En cette cave où nous montons aux cieuxEchelle où Jacob dégrafe la lune
Loto miracle effaçant la misère
Cendrillon qui se fout de la fortune
Cul de basse fosse où naît la lumière
Par toi je sais le bonheur souterrain
Vaincu par ton sourire malicieux
Je me soumets à ton cri souverain
En cette cave où nous montons aux cieuxMuse pour ce diamant noir qui m’obsède
J’ai fait ce chant que l’on dira vicieux
Mais la vie ne vaut rien si l’on n’accède
A cette cave où nous montons aux cieuxACTE DE TENDRESSE 1
Flamme volubile avouée au vent humide des fantasmes
Escalade rose vers les soupirs de pics extatiques
Labialisation de l’âme dans une émotion de neige moite
Langue universelle où fondent l’espace et le temps
Aurore aux lèvres de fumée blanche où dérivent les rêves
Toupie sans fin du cœur que valse un vertige sans fond
Insanité tue dans le velours lascif de l’innocence bue
Onguent de soie sur les anciennes cicatrices assoiffées
Nouveau cri né d’une septième symphonie stellaireFarouche morsure d’aurore lactée
Eclat sans voix de l’ivoire incandescent
Languide offrande du palais des sables
Lenteur de la houle où va naître l’écume
Ascension salivée d’un récif de râles
Tabac des tempêtes aux tangages spasmodiques
Irruption obscène d’un soleil en nage
Orgue sucré d’une ancienne chanson de Serge
Nageur perdu de retour à l’embouchure originelleFlambe
Etoile
Lascive
Langueur
Ardente
Tendresse
Inoculée
Onde
NacréeACTE DE TENDRESSE 2
Coffre-fort de myrrhe et d’encens où gisent les mots
Unique pensée qui s’offre une brousse d’ardeur
Nef voile vaisseau va geins sur l’océan des désirs
Nyctalope des caves au velours vibrant d’envie
Irisé d’aurores voici que s’ébroue le ciel en fusion
Libation de liqueur rare sur le livre rose des soupirs
Irradiation saine des chairs exhaussées d’électricité
Noces labiales où s’abreuvent les torrents bavards
Gorges océanes où se dresse l’esquisse des toiles tendues
Unique cri sous la parole tue en une vague impensable
Soif primaire étanchée enfin à la source essentielleConclave secret aux baisers de nuit complice
Univalve pensée de l’algue fondamentale
Noire bouffée d’ambre parcourue de fièvres
Nudité des phrases dans une savane moirée
Illumination dense des frondaisons sourdes
Langage perdu dans des échos d’écume vierge
Inconcevable voyage des chimères horizontales
Navigation à lèvre offerte aux errances du roulis
Gange magique où se maquillent les papilles
Universel élan sous l’espéranto d’une seule langue
Satiété hurlée sous l’orage bleu des anges extasiésChaloupe
Uvulaire
Nacelle
Noyée
Immergée
Langue
Intarissable
Noctambule
Gynécée
Unilingue
SoubresautSOIXANTE NEUF
Je suis né sous le signe du soixante-neuf
Dans cette ville où vont les fleuves se mêler
Leurs flux convergent vers l’embouchure salée
Mon passé tout renversé y redevient neufO mes muses d’antan tant métaphorisées
Ce sont les houles lascives de vos corps lestes
Qui de la bouche au cœur ont su m’offrir ces gestes
Qui font d’un soupir moite naître la roséeA l’envers de nos nuits en inversant nos spasmes
Nus vers la source vive aux remous fluctuants
Nous faisions rougir les lèvres de nos fantasmesFormule magique à l’équation concentrique
O département du cœur à cœur érotique
Où vont les fleuves et l’amour en confluentRÊVE SENSUEL
Je rêve d'ombres nues aux douces senteurs d'ambre
Des chemins obscurs où dort un soleil lascif
Quand la langue revient au verbe primitif
Et soulève une mer qui de soupirs se cambre
Je rêve de mots osés posés sur ta peau
De longs colliers de fleurs en rimes embrassées
Sur les serments scellés de nos corps enchâssés
Dans un vertige ascensionnel en haut du beau
Je rêve de mes mains voguant sur tes frissons
Mes lèvres frôlant la crête de ton désir
Afin de nous fondre d'une même fusion
Je rêve d'un vrai voyage au delà des sens
Quand nous décollerons d'amour vers l'avenir
Sur ce flux lilial d'où naîtra notre semence
PAROLES DE L’AMANTE AU LOIN
Et l'amante au loin - si loin- me susurre
Au milieu de mon obscur désert nocturne
Comme un long chapelet d'eau pure
L'idée d'un impensable oasis à venir
L'utopie inouïe qui veut devenir vraie :
« Je veux mordre au suc de ton sel
Inventer les soupirs les plus moites
Les douceurs les plus sinueuses
Et ma langue et mes lèvres seront
Le feu liquide dévorant tes rêves
Je veux sentir l'ardeur de ton sang
Ériger la colonne de notre temple
Et dans les remous de tes serments
Sentir vibrer ta vie dans mon ventre
Dans la tempête indomptée de mes reins
Je veux m'abandonner en gestes fous
Quant l'étincelle d'un brasier de frissons
Secoue d'électricité vive mon destin
Et que mes mots s'élancent en cris
A l'assaut insensé de notre éternité
Je veux enfin recevoir le flux lilial
Que me délivre ton poème de chair
Sève qu'inocule en moi ton souffle
Quand les sueurs se mêlent aux larmes
Pour féconder le flot de notre fusion
Je veux que nous soyons au-delà
Des mers inconnues des océans perdus
Voici l'île nue où gît notre plaisir
Voici notre nuit à jamais étendue
Où l'écume embrasse le sable infini
O mon amant ô mon cap de tout fantasme
Mon itinéraire absolu mon navire en mouillage
Ton ancre plongée dans mes hanches
Je veux devenir le port de nos attaches
Pour appareiller ensemble vers nous
O mon amant né des livres et des vers
Je veux t'offrir la lyre de mes envies
Et dénouer par l'entrelacs de nos corps
La poésie ininterrompue de nos vies
Pour écrire de nos mains unies notre futur »
Au matin délavé de pluie salie de gris
Je garde en moi -Muse- ton parfum de soleil
Celui que tu m'envoies en mail de miel
En sourires en photos en rires en promesses
Moi qui végète dans l'attente de ma résurrection
Et ma vie grâce à toi s'invente un autre sens
Et l'avenir revient à mon programme perdu
Et le temps gaspillé s'efface d'un seul coup
Et je revois l'horizon que je pensais oublié
Le baiser partagé d'un demain à vivre à deux
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